Cycle de conférences : Développer la pensée critique
Ce cycle de conférences vise à comprendre comment même les individus les plus éduqués peuvent agir de manière irrationnelle. À travers diverses situations de la vie courante, nous explorerons les différents biais de raisonnement à l'origine de ces erreurs et présenterons des outils méthodologiques de la méthode scientifique pour s'en prémunir. Chaque conférence est unique et peut être suivie indépendamment, mais ensemble, elles forment un tout cohérent qui couvre l'essentiel des biais et des raisonnements fallacieux auxquels chacun est confronté.
Conférence 1 : Le cerveau et ses biais
Cette conférence introductive met en lumière, à travers divers problèmes et situations, les pièges de la raison dont chacun peut être victime. Les participants seront amenés à questionner le fonctionnement cérébral et découvrir certains processus neurocognitifs, ainsi que les outils de la méthode scientifique pour faire face à ces défis.
Cette conférence d’introduction consiste, par l’exposition de différents problèmes ou situations, à
mettre en évidence chez les auditeurs les pièges de la raison dont chacun peut être victime.
Accompagnés d’une présentation succincte sur l’historique évolutif du cerveau, les auditeurs seront
amenés à se questionner sur le fonctionnement cérébral, et ainsi à en démystifier certaines idées
reçues. Certains processus neurocognitifs seront expliqués (euristiques, biais cognitifs, paréidolies), et
quelques exemples statistiques seront utilisés afin d’éclairer sur les mécanismes à l’origine de défauts
de jugements et de représentations. Parmi ceux-là, le paradoxe de Simpson qui est un paradoxe
statistique dans lequel un phénomène observé dans plusieurs groupes s'inverse lorsque les groupes
sont combinés. Ce résultat curieux est lié à la non prise en compte de certains éléments (présence de
variables non indépendantes, échantillons non homogènes, etc.) et est souvent rencontré dans la
réalité ; notamment en sciences sociales ou épidémiologiques (exemple : le plus grand nombre de
patients vaccinés chez les personnes hospitalisées suite au covid).
En lien avec la résolution de ces illustrations, certains outils issus de la méthode scientifique seront
présentés afin d’éclairer les étudiants sur les points de vigilance à adopter face à l’information.
L’objectif ici est de sensibiliser aux biais de raisonnement et de permettre la prise de conscience que
tout individu peut être concerné, puisque cela repose sur la nature même du fonctionnement cérébral.
Conférence 2 : Les illusions de perceptions
Cette conférence se concentre sur diverses illusions perceptives, mettant en évidence l'importance de remettre en question la qualité des informations reçues. Nous explorerons comment nos systèmes perceptifs, malgré leur efficacité, peuvent nous tromper et déformer notre perception de la réalité.
La deuxième conférence repose surla présentation de différentes illusions perceptives. Les illusions
d’optique ou les détournements d’attention par exemple illustrent l’importance de questionner la
qualité des informations qui peuvent nous parvenir, et en premier lieu celles de l’expérience subjective
que l’on juge infaillible. Nos systèmes perceptifs sont dans la majorité des cas très performants et nous rendent particulièrement réactifs face aux situations rencontrées. Cependant, les règles qui sous-
tendent le fonctionnement même de la perception conduit dans certains cas à commettre des erreurs systématiques, à trouver du sens là où il n’y en a aucun, ou simplement à déformer notre perception
du réel. Ces phénomènes d’illusions perceptives, principalement d’optique ou auditives, ou encore «
paréidolies » sont très communes. En effet, notre cerveau reconstruit et interprète ce qu’il perçoit à
partir de ce qu’il connait. A titre d’exemple, dans l’illusion d’Adelson (1995) représentée en Figure 3,
nous avons tendance à percevoir la case A comme étant plus foncée que la case B, pourtant de la même
couleur. L’effet du vécu d’un individu qui reconnait ici un échiquier, c’est-à-dire une alternance de cases
noires et blanches, ainsi que l’éclairage suggéré par la présence du cylindre vert, va conduire
automatiquement notre cerveau dans l’erreur.
Les auditeurs seront également invités à reproduire la célèbre expérience de Simmons et Chabris (1999)
sur l’attention sélective. Elle consiste pour les participants à visionner une courte séquence de jeu de
basket pendant laquelle ils sont amenés à se focaliser sur le jeu. Cette focalisation attentionnelle
entraine chez la plupart des spectateurs une cécité par rapport à ce qui se passe en dehors du jeu (ici,
l’intervention impromptue d’un singe de taille humaine en plein milieu du jeu). Lien vers le protocole
expérimental pour en savoir plus : www.theinvisiblegorilla.com
Conférence 3 : L'effet Barnum
Venez assister à notre conférence dédiée à l'effet Barnum, également connu sous le nom de biais de validation subjective. Nous explorerons les pratiques prétendant dévoiler la personnalité et prédire l'avenir, telles que l'horoscope ou la graphologie, et discuterons des mécanismes psychologiques qui influencent l'adhésion à ces croyances pseudo-scientifiques. Ne manquez pas cette opportunité de comprendre les biais de raisonnement et d'améliorer votre esprit critique face à ces pratiques mystérieuses.
Cette conférence vise à sensibiliser à l’effet Barnum, ou biais de validation subjective. Il existe chez
les individus une fascination pour les analyses de personnalité et un besoin de contrôler, voir de prédire
l’avenir. Différentes pratiques prétendent conduire à l’établissement d’un portrait personnalisé des
individus ou pouvoir prédire leur destinée (horoscope, graphologie, chiromancie, etc.). Faire le tri entre
« ce qui marche » et « ce qui ne marche pas » n’est pas toujours aisé. Le succès rencontré par certaines
pratiques pseudo-scientifique n’est pas étranger à la satisfaction ressentie par les individus.
Plusieurs études ont été menées selon la démarche expérimentale pour questionner la pertinence de
ces pratiques pour décrypter la personnalité des individus ou faire des prédictions. Elles mettent en
évidence, au-delà de l’absence d’une validité empirique, que des processus psychologiques et biais de
raisonnement associés expliquent en grande partie l’existence et le maintien de croyances pseudoscientifiques qui fondent l’adhésion à ces pratiques. Il conviendra alors pour les étudiants de se
demander par quels mécanismes psychologiques les individus traitent l’information et pourquoi sontils convaincus qu’une description vague et ambiguë puisse faire sens.
Il est d’ailleurs possible de reproduire cette expérience sur les étudiants en amont grâce à la passation
dans un premier temps d’un pseudo test de personnalité. La passation peut être collective et ne dure
qu’une dizaine de minutes. Un profil générique sera ensuite remis aux étudiants et ceux-ci devront
évaluer dans quelle mesure il s'agit d'une bonne description d’eux-mêmes. Les étudiantsseront ensuite
invités à comparer leur profil et constater qu’il est le même pour tous. Un debriefing de l’expérience
sera alors le point de départ de la sensibilisation à l’effet Barnum et son rôle dans l’adhésion à des
pratiques pseudo-scientifiques.
Conférence 4 : Les biais argumentatifs
Cette présentation illustre une série de biais argumentatifs couramment rencontrés dans les débats et les productions écrites. L'objectif est de comprendre la construction sous-jacente de ces arguments fallacieux, afin de mieux les identifier dans les discours d'autrui ou les textes écrits
Cette présentation s’attèle à illustrer une série de biais argumentatifs que l’on retrouve classiquement
dans les débats entre individus et dans les productions écrites. A titre d’exemple, l’argument d’autorité
utilise l’origine d’une information pour affirmer sa fiabilité, supposant que l’expérience, les titres ou la
formation d’une personne suffisent à garantir la véracité de ses affirmations. L’objectif est de connaitre
la construction sur laquelle repose un certain nombre d’arguments fallacieux, afin de mieux les
distinguer ensuite dans le discours d’autrui ou dans les compositions écrites (articles, livres, etc.).